1. August-Ansprache von Kevin Grangier
Discours du 1er Août 2003 de Kevin Grangier

Le 712e anniversaire du 1er août marque une année de fête pour l'ensemble de la Suisse, six cantons, Argovie, Thurgovie, Saint-Gall, Grisons, Tessin et Vaud célèbrent leurs 200 ans d'appartenances à la Confédération et Berne, lui, fête ses 650 ans de fidélité au Pacte.
Alors, après une si longue histoire, commencée en début août 1291, qui vît, en fin de compte, la naissance, en 1848, de l'Etat fédéral, que retient-on de nos acquis, de notre identité aujourd'hui ? La Suisse d'aujourd'hui se souvient-elle du Pacte de 1291 ? Ce Pacte a-t-il encore une quelconque importance ? Quel sens donné à notre neutralité politique, à notre fédéralisme, notre démocratie directe, à notre pluriculturalisme ? En fin, de compte, il serait bon de donner un sens à notre particularisme, au Sonderfall Schweiz !
  
Malgré sa relative vieillesse, 712 ans, la Suisse est malade, malade de l'intérieur, comme si un cancer la consumait. Nos dirigeants ne semblent plus donner un sens à la situation de notre pays, ils le disent malade, démodés, dénué de bons sens. Ils disent que le monde change et que la Suisse doit s'adapter, et blablabla, on connaît le discours.
  
Alors, en bon citoyen, j'aimerai poser une question à ces mêmes dirigeants qui, me semble-t-il, ont quelques peu perdu la foi, je leur demanderai : le monde change continuellement, depuis plus de 700 ans, beaucoup de choses se sont passés, et à chaque fois, la Suisse s'en est sorti, à chaque fois, la Suisse est restée fidèle et cohérente à sa ligne. Alors, pourquoi aujourd'hui ne pas faire confiance à cette ligne pour continuer à avancer ? Vous dites que la Suisse est de plus en plus malade, mais, je vous répond qu'elle l'est de plus en plus depuis qu'elle respecte de moins en moins sa ligne, son particularisme, sa différence.
La Suisse souffre de la crise économique qui s'ensuit d'une crise sociale, politique et même identitaire. La Suisse est devenu ce pays pourri, replié, vieux jeu, démodé, ce pays "no future" et xénophobe. Les gens n'ont plus la foi, les Suisses ne croient plus en leur Etat et ce, à bien des égards, les Suisses essaient de se retourner vers d'autres valeurs, d'autres terres aussi, pensant que l'herbe est plus verte ailleurs.
  
La gauche contestataire, les soixante-huitards, les Max Frisch et autres Jean Ziegler auraient-ils gagnés ?! Auraient-ils réussi à enlever ce petit peu de foi que les gens avaient en faveur des valeurs de notre Etat, de notre patrie, cette différence déplaisait tellement à la gauche communiste qui souhaite toujours uniformiser le monde.
  
Désormais, Suissesses et Suisses, c'est à nous d'agir, c'est à nous de prendre la main, c'est nous de décider. Arrêtons de nous lamenter sur notre sort, arrêtons de pleurnicher dans notre coin et levons-nous, comme un seul homme, levons-nous, retroussons nos manches, soyons assez intelligent pour connaître notre force, nos acquis, soyons assez intelligent pour tirer le meilleur de notre Histoire, de notre particularisme et mettons-nous au travail, innovons, trouvons des opportunités, remettons l'ouvrage sur le métier, ne cessons jamais d'avoir la foi en notre drapeau, ce drapeau rouge orné de la croix fédérale, qui pour la petite histoire, fête ses 664 ans d'existence. Notre croix est née un beau jour de l'an 1339, quelques instants avant la bataille de Laupen. Au soir du 1er août, regardons notre drapeau, écoutons notre hymne, ayons une pensé pour le passé, une pensée pour mieux préparé l'avenir. Comme le disait Denis de Rougemont : "l'Homme n'est pas là pour imaginer l'avenir, il est là pour le réaliser." N'oubliez également jamais que l'Homme fort ne subit pas son destin, il le force !

Bon anniversaire à la Confédération, bon bicentenaire aux intéressés et surtout, bonne journée du 1er août à toutes les Suissesses et tous les Suisses